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Quel parcours scientifique en amont du Master 2 pour devenir «Quant» ?

par
Nicole El KAROUI(*) et Gilles PAGÈS(**)


Dans l’univers de la finance quantitative de marché, le métier ayant le plus haut niveau d’exigence en mathématiques est sans nul doute celui de Quant ("quantitatif" en français), même si d’autres activités (structuration, trading de dérivés exotiques, développement informatique...) font aussi appel à des compétences en mathématiques financières.

I. Quelques mots sur le métier de Quant

Pour schématiser on peut distinguer deux types d’activités :

– Tout d’abord, le développement de produits dits "dérivés" (options, warrants, swaps...) s’appuyant sur des actifs "primaires" (on dit plutôt "sous-jacents") tels que les actions, les taux de change, les obligations et les taux d’intérêt. Dans ce cadre, son rôle est crucial puisqu’il doit tout à la fois concevoir (ou sélectionner) une modélisation de l’actif sous-jacent, proposer des formules d’évaluation des produits en fonction des paramètres de marché (pricing), déterminer les stratégies de couverture permettant à l’émetteur (et plus généralement au vendeur) de se couvrir au jour le jour sur le marché de l’actif sous-jacent contre les risques induits par ses variations (hedging). Il participe souvent à la conception des produits dérivés eux-mêmes avec les autres acteurs: les tradeurs, les structureurs ou… les clients, essentiellement en tant qu’expert pour déterminer le niveau de "tractabilité" mathématique. Les formules qu’il met à jour peuvent être explicites (on dit "fermées" ou "closed") ou fondées sur des méthodes numériques. Ceci est une description de l’activité "historique" du Quant, telle qu’elle s’est développée depuis de la fin des années 70 jusqu’au début des années 90.

– La seconde activité essentielle du Quant - qui tend à prendre le pas sur la première - est la gestion globale du risque. À la suite des soubresauts multiples survenus sur les marchés (Krach de 87, scandale de la gestion frauduleuse de la banque Barings en 1995, crise asiatique et quasi-faillite du fonds LTCM en 1997) la notion de risque a pris une importance décisive sur les marchés. Sous la férule des autorités de marché, des indicateurs de risque ont été définis (Bâle II) pour encadrer les pratiques des marchés (notamment la VaR ou Value at Risk). L’un des nouveaux rôles dévolus aux Quants est l’évaluation de ce risque global induit par la gestion de gros portefeuilles éventuellement très hétérogènes. Il doit donc concevoir (pour partie) et calculer un faisceau d’indicateurs de risque à court et à moyen terme. Cette évaluation porte non seulement sur les variations des actifs primaires, des produits dérivés mais aussi tout ce qui concerne la défaillance des émetteurs, comme par exemple le non-versement de coupon obligataire ou la perte en capital consécutifs à la défaillance temporaire ou définitive d’une entreprise. Ce dernier problème, connu sous le nom de risque de crédit ou risque de défaut a pris depuis quelques années une importance considérable. D’autres domaines sont actuellement en plein développement comme les dérivés énergétiques et climatiques. Le recrutement de "Quants" y est important. Et de nombreuses perspectives se profilent avec l’ouverture des marchés des droits à polluer.

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